
À quelques encablures du scrutin présidentiel de juin prochain en Mauritanie, on connaît mieux les intentions, faute de programmes détaillés, de la majorité des candidats à la magistrature suprême. Les premiers discours, les premiers meetings, ont donné le ton : le débat sur les questions de fond risque d'être chaud et, si l'on n'y prend garde, cacophonique.
Chaud, car les toutes premières escarmouches à distance, montrent que les protagonistes ne se feront pas de cadeaux. Y compris, semble-t-il, à travers les commérages. Cacophonique, car les innombrables questions d’intérêt national qui sont déjà – et resteront – posées tout au long de la campagne à venir, nécessiteront, non seulement de la méthode pour être intelligibles pour un auditoire pas forcément attentif, mais aussi un certain « capital confiance » de celui (ou celle) qui aura la tâche de les présenter aux électeurs.
Il est une question qui sera, encore cette fois, au cœur des joutes électorales, tant elle est déterminante pour l’avenir du pays. Il s’agit du renforcement de la cohésion nationale qui a constitué, depuis l’indépendance du pays, LA pierre d’achoppement des pouvoirs successifs.
« Discrimination positive »
Force est de reconnaître, à cet égard, que dès son entrée en fonction, l’actuel régime a pris des mesures fortes dont la prière à la mémoire des morts à Kaédi, en 2009 ; l’indemnisation des victimes du passif humanitaire, l’adoption de textes juridiques plus contraignants en faveur de la lutte contre l’esclavage et ses séquelles, la création d’une agence Tadamoun (Solidarité) dont l’objectif est clairement affiché: lutte contre les séquelles de l’esclavage, insertion et lutte contre la pauvreté.
Voulant à son tour, d’entrée de jeu, frapper fort, le candidat à la présidentielle Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed Ould Ghazouani a, lors de sa tournée marathon dans tout le pays, annoncé qu’il mettra en œuvre « une discrimination positive » en faveur des couches marginalisées.
Par Ishaq Ahmed Cheikh Sidiya
Jeune Afrique