Zoom Essahraa... Mali... Le test de la Mauritanie dans un voisinage embrasé

Zoom Essahraa... Mali... Le test de la Mauritanie dans un voisinage embrasé

L'évolution rapide de la situation au Mali, en particulier dans la région limitrophe, soulève de nombreuses questions urgentes sur le présent et l'avenir ; sur les règles d'engagement et les lignes de communication.

L'équation subit-elle des changements fondamentaux qui la feront dévier d’une stabilité de fait depuis un certain temps, ou s'agit-il simplement d'une stratégie de la corde raide ?

Le Zoom Essahraa de cette semaine, tentera d'aborder cette situation turbulente pour en clarifier les dimensions et en anticiper les conséquences.

 

Un seuil de parcours...

 

La situation actuelle, avec ses tensions, n'est pas brusque ; elle ne comporte même pas de mutations ; il s'agit plutôt d'une évolution naturelle d'une situation qui se dessine depuis des années. Plus précisément, il est question d'une évolution naturelle des événements survenus ces dernières semaines.

 

- Les Russes et les Ukrainiens se sont publiquement accusés d'ingérence dans la région et de soutien armé aux parties en conflit.

- Les combattants ont échangé des tirs sur plusieurs fronts, faisant de nombreuses victimes (le Front Macina affirme assiéger plusieurs villes, l'armée malienne précise avoir remporté des victoires, et les mouvements de l'Azawad présentent des résultats opérationnels révélant les performances de leurs équipements et leur expérience du combat).

- La Mauritanie et le Sénégal, forts de leurs relations et de leurs expériences, s'efforcent d'empêcher les tirs de les atteindre.

Ces efforts sont confrontés à des répercussions complexes qui rendent toute réussite durable extrêmement difficile.

 

En détail :

 

- Les combats font rage autour de Nioro et la crainte grandit d'une escalade incontrôlable et d'une propagation aux environs.

- Le principal élément marquant du siège de Nioro est la présence du Chef de la Tarigha Hamawiyya Cheikh Mohamedou Ould Hamahallah.

Se trouvant toujours dans la ville, il a signifié son refus de partir et est même apparu armé, manifestant sa volonté de résister.

Le groupe Macina, qui assiégeait la ville, a pris pour cible des véhicules appartenant au chef de l'ordre Hamawiyya et a enlevé les hommes qui s'y trouvaient.

Les femmes ont été libérées, tandis que des sources locales font état d'une interdiction des importations de carburant.

Ces mesures laissent présager une dangereuse escalade et un affrontement imminent entre l'armée malienne et le groupe Macina dans cette ville du centre du Sahel malien.

- Le Mali annonce des mesures concernant les agriculteurs et les commerçants mauritaniens ; la Mauritanie perçoit cela comme une escalade, tandis que le Mali affiche un mélange de prudence et de réponses voilées concernant ses relations avec les Maliens en Mauritanie au cours des dernières semaines et des derniers mois.

- La situation politique interne à Bamako devient de plus en plus tendue en raison des répercussions de la tentative de coup d'État et des signes croissants de mécontentement au sein de l'armée face à l'influence russe, à ses pratiques illégales et à ses dangers et conséquences.

- Concernant les relations avec l'Algérie, Bamako a déposé une plainte devant la Cour internationale de Justice concernant le drone, qui, selon les autorités maliennes, a été pris pour cible par l'Algérie alors qu'il menait une mission contre des groupes armés. L'Algérie rétorque que le drone a violé son espace aérien. Cette plainte est la dernière en date d'une série d'escalade mutuelle entre Bamako et l'Algérie datant de plusieurs mois.

 

Au bord du gouffre

 

En fin de compte, la situation au Mali envoie des signaux tous azimuts indiquant que le pays est bel et bien au bord du gouffre :

- Les tensions au sein de l'appareil militaire sont à leur comble.

- Les relations avec la plupart de ses voisins (Algérie, Mauritanie, Sénégal, Côte d'Ivoire) oscillent entre tension et froid.

- La polarisation entre les parties aux conflits internationaux (Russie et Occident) et régionaux (Maroc et Algérie) continue de s'accentuer.

Cette situation met toute la région en état d'alerte. Le Mali est un État central de la région, compte tenu de son histoire, de sa géographie et de sa démographie, et son effondrement complet serait effrayant, avec ses répercussions sécuritaires, économiques et sociales.

Si les dommages sont ressentis par tous, c'est avec la Mauritanie que les interactions pourraient être les plus intenses. C'est ce qui fait de la position de Nouakchott une question cruciale pour les Mauritaniens et pour le reste du monde. Nouakchott doit s'efforcer de combiner :

- Approcher Bamako de manière à protéger les intérêts de la Mauritanie et des personnalités influentes qui y siègent ;

- Éviter de provoquer les groupes armés, notamment le groupe Macina, qui jouit également d'une forte présence sociale en Mauritanie ;

- Et surtout, sécuriser et consolider le front intérieur.

Nouakchott a déjà pris des mesures à cet effet. Un article paru la semaine dernière dans le journal français Le Monde a révélé le soutien européen au dit plan, ses avancées et l'ampleur des enjeux à venir.

Cette situation n'est pas nouvelle, mais elle est au bord de l'effondrement. La Mauritanie, qui n'était autrefois qu’une partie concernée parmi d’autres,  est désormais devenue, pour plusieurs raisons, le premier préoccupé par ces rebondissements.. Par conséquent, adopter et poursuivre une approche nécessaire sur le moment, puis la retarder, peut être préjudiciable et difficile à surmonter.

sam, 06/09/2025 - 16:27

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