Syrie : un plan de reconstruction pour Alep

L'Unesco vient de publier le premier état des lieux exhaustif des dommages causés dans la vieille ville d'Alep par des années de conflits. C'est aussi une base technique pour reconstruire ce joyau d'Orient.

Il y a trois ans, Alep était reprise par l'armée du régime de Bachar Al-Assad après un terrible siège au cœur de l’hiver. En juillet 2012, les rebelles syriens avaient pris le contrôle de plusieurs quartiers de la ville. Le centre, notamment les vieux souks couverts, s’étaient transformés en ligne de front. Une partie de ce patrimoine historique, qui était l’âme d’Alep, avait brûlé. La guerre s’était intensifiée quand l’aviation du régime syrien, épaulée, par les Russes, avaient bombardé la ville, provoquant des dégâts considérables. Les rebelles, moins bien armés, avaient utilisé les tunnels pour faire exploser plusieurs bâtiments et utilisé des bonbonnes de gaz sur les quartiers loyalistes. 

Un amas de gravats

Aujourd'hui, le centre historique de la ville reste pétrifié dans un amas de gravats, encombré par des mines et les engins non explosés qui font encore des victimes, surtout parmi les enfants qui jouent dans les ruines. Grace à des images satellitaires, l'Unesco a pu dresser le premier inventaire des dégâts.

"Plus de 10% des bâtiments historiques d’Alep ont été détruits et plus de la moitié des édifices évalués dans notre rapport ont subi des dommages modérés ou graves", explique Metchild Rössler, la directrice du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco. Les dégâts sont énormes. La difficulté c’est qu’il reste encore des mines. C’est pourquoi jusqu’à présent, on ne peut pas encore travailler comme on le voudraitsur le terrain." 

Plusieurs centaines de millions d'euros pour la reconstruction

Les obstacles pour relever Alep de ses ruines sont aussi d'ordre financier. Metchild Rössler évalue l’enveloppe de la reconstruction du centre-ville historique à plusieurs centaines de millions d’euros. Mais où trouver l’argent ? Les pays occidentaux ne veulent pas financer la reconstruction tant qu’une solution politique au conflit n’aura pas été trouvée. "_Le défi est énorme_, explique-t-elle. Evidemment, on ne pourra pas terminer en un an. Pour les bâtiments symboliques, il sera assez facile de trouver des donateurs. Ce qui est compliqué, c’est de trouver de l’argent pour les habitations des gens. Il faut absolument un effort de la communauté internationale."

Des travaux sur certains sites emblématiques d'Alep ont commencé, notamment pour restaurer la mosquée des Omeyyades, joyau de la civilisation musulmane. Elle a été sévèrement touchée par les combats. Son minaret a été détruit en avril 2013. Sa bibliothèque a été dévastée. 

Des travaux de rénovation ont commencé sur le site de la mosquée. Ils sont en partie financés par la Fondation de l’Aga Khan. Selon les experts de l’Unesco, le minaret peut être reconstruit. Les pierres qui le constituent sont tombées dans la cour de l’édifice religieux.
 

Par Christian Chesnot

jeu, 27/12/2018 - 20:06

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