
Je suis souvent surpris par la propension de certaines prises de position à vouloir objectiver le fait social et politique, comme s'il s'agissait d'un échantillon de fer qui une fois dilatè en expérience de laboratoire permet de généraliser par induction à tout le fer de la terre.
On dirait que ces intellectuels trouvent qu'on puisse inventer du jour au lendemain une conception inédite de l'dentité collective et individuelle ainsi que la forme d'organisation politique et sociale qui lui est adaptée. De la sorte ils nient la nécessité de tenir compte de l'imaginaire social et de ses dynamiques culturelles, socio econimiques et politiques dans la détermination de la formule de pouvoir et d'organisation de toute société. .
De la sorte on néglige le fait que les représentations sociales se mettent en place en rapport avec l'environnement culturel, les conditions de vie et dans le temps; et remarquez que je n'ai pas dit au conditions exclusivement économiques.
En tant que consciences sociale celles ci reçoivent de l'information, économique, politique morale etc autres d'abord de leur milieu local c'est à dire immédiat, puis de celui de nos mémoires familiales, transgenerationelles, environnementales , culturelles, religieuses et autres.
Elle reçoivent aussi de ces informations de leur environnement régional et international que ça soit à travers le contact et les échanges directs ou à travers l'oralitè et l'ècrit.
C'est de la sorte que ces représentations finissent par s'instituer en système culturel au sens anthropologique de ce terme.
C'est celui ci qui fournit à chaque membre du groupe la part du loup dans sa façon de penser et d'aspirer, sa propension à resister ou à se soumettre. Sa façon de considérer sa liberté et son degré d'ouverture à l'autre.
Ce sont les différences entre ces représentations collectives et leurs impact sur l'action et les rapports sociaux qui font que les conceptions individuelles et communautaires se différencient entre telle ou telle aire culturelle.
Louis Dumont par exemple à assayè de synthetiser ces différentes conceptions de l'individualité sociales en deux principales catégorie : l'individualité occidentale ou Homo economicus et celle de l'Orient et plus largement du reste du monde ou homo hierarchicus.
En Occident se rencontre un individu libre, en concurrence, dressè face à l'autre et usant des leviers du travail et de l'accumulation collective ou privée du capital comme principales voies de promotion sociales.
Dans le reste du monde un individu noyè dans sa communauté. Un hollisme qui fait qu'on vit dans une sorte de " promuscuitè sociale" à cause du fait que l'individualité de chaque membre du groupe se prolonge au-delà de soi pour englober en partie celle des autres..C'est ce qui fait qu'on est constamment obligé de négocier son désir, son penchant et son faire avec le regard de la communauté.
Toutefois cette typologie qu'on vient de voir n'est pas statique À son tour elle est vouée à subir l'impact de la loi de la vie, la loi du changement.
C'est surtout le cas de le dire actuellement avec la mondialisation à l'œuvre.
En effet on constate que ce face à face culturel duel précédemment décrit est en train de subir des craquements sérieux sous l'effet des profondes évolutions sociales, économiques politiques et culturelles enregistrées ces dernières décennies.
Grâce à la vitesse à laquelle on comunique et au débit des flux d'échanges de toute sorte , nous nous retrouvons à un virage de l'histoire de l'humanité où tout, des idées en passant par les pratiques jusqu'à l'environnement est en train de muter très rapidement.Plus que jamais auparavant Le Monde s'interpenètre et intèragit.
Sur cette place des "valeurs" L'Occident apporte son système économique, son discours sur la liberté politique et les droits de l'homme, son efficacité opérationnelle. son mode, de consommer et de vivre et ses fragilités aussi.
La nouveauté c'est que l'Orient n'est plus en reste. À son tour il arrive en Occident quoique toujours en moindre intensité: En plus de la percée économique de géants comme la Chine, l'Inde, La Corée du Sud, Taiwan ou Singapour , on remarque surtout que l'Orient se positionne de plus en plus comme pourvoyeur de valeurs en rapport avec le sens de la vie et la qualité de celle ci comme en temoigne l'importance grandissante prise en Occident par les sagesses et les spiritualités orientales que ça soit le Bouddhisme ou l'hindouisme ou encore L'Islam principalement dans sa variante soufie. Pour s'en convaincre il n'y a qu'à voir la multiplication en Europe et aux Usa de centre, d'instituts et de lieux de prière enseignant le zen, le yoga, la meditation transcendantale, la prière et le dhikr .
Progressivement on commence à assister à une mondialisation culturelle où l'universalisme s'affirme comme creuset de la diversité. En quelque sorte une soupe culturelle où chacun des convives apporte sa part d'ingrédients, sachant que ces ingradients sont d'inégale importance puisque ce brassage n' est pas à l'abri des rapports de force entre le Nord et le Sud.
Nous sommes en phase d'entrée dans une sorte d'êre de patchwork culturel, économique politique, une alchimie à laquelle aucun peuple, aucun groupe ne peut se dérober sauf à vivre en reclus ou en terroriste insurgé; Une époque où on arrive avec ses croyances, ses mémoires et ses aspirations pour s'emboîter sans ce puzzle planétaire du "prendre et du donner".
Précisément c'est dans le cadre de cette "cooktailisation" planétaire qu'il faut situer les tentatives de l'islamisme politique** réformateur comme une reconnaissance du fait que le Monde musulman ne peut plus rester à la marge de cette gigantesque lame de fond qui secoue toute la planète, qu'il ne peut pas continuer à hiberner à la marge du monde.
Désormais un grand nombre de savant et d'intellectuels musulmans sont convaincus qu'il est temps pour nos sociétés de rechercher les voies et les moyens permettant l'intégration et la conciliation entre les racines et les croyances de nos sociétés et la liberté politique et individuelle dévenues des catégories et des exigences d'époque et de survie.
Pour pouvoir apprécier à sa juste valeur ce mouvement à la fois de fidélité et de remise en en cause de nos fossilisations , il n'y a qu 'à prêter une oreille attentive au remue ménage intellectuel qui secoue transversalement le Monde musulman de Djakarta en passant par Tunis, Rabat jusqu'à Dakar.
Partout on réfléchit à comment concilier entre les principes et les valeurs éternelles de l''Islam en tant que transcendance et les aspirations légitimes de chaque membre de la communauté humaine en matière de liberté de choix politique et individuel. ,
Voilà qu' on ose enfin se mettre au devant pour défier la chape de fer de la quadriple alliance obscurantiste entre le Prince despote, le fanatique sanguinaire, l'ignorant et le Faghih en service commandé: ceux là qui ont des siècles durant taillé l'islam à la mesure de leurs intérêts et de leurs compréhensions dèbiles.
C'est à cet effort visant à affranchir notre interprétation de l'Islam des déductions historiques le plus souvent faites à une époque où la prise de conscience de l' individualitè en tant qu'aspiration à l'affirmation et à la liberté d'opinion et d'action personnelle était inconnue que ça soit en Orient ou en Occident,
C'est cet effort que nous devons soutenir en y percevant une volonté sincère d'adaptation et de cohabitation pacifique au sein d'un monde désormais connecté à tous les échelons et non comme un subterfuge tactique conjoncturel comme on ne cesse de le répéter jusqu'ici.
Certes, on peut comprendre que le caractère précurseur de ces tentatives et les inévitables erreurs qui accompagnent les tâtonnements inhérents à toute genèse pensée et à toute inexpérience en matière d'exercice du pouvoir peuvent amener à douter à propos des véritables motivations de ceux qui défendent de tels choix.
Pourtant cette objection tombe d'elle même à partir du moment où on comprendra que cette adaptation-relecture de l'Islam s'impose d'elle même comme une nécessité absolue pour le Monde musulman si on veut d'une part qu'il renaîsse de cette léthargie qui le paralyse à tous les niveaux et d'autre part si on veut faire barrière au fanatisme et au radicalisme aveugle.
Avant tout il faut comprendre l'islamisme politique réformateur comme un effort inédit et un pas important fait en faveur du dialogue et la cohabitation pacifique auquel on doit répondre présent en cessant de croire que la démocratisation de nos société peut se faire à travers l'exclusion de pans entiers de notre élite et de nos concitoyens pour la simple raison que leur discours porte à cause à la fois de son enracinement dans le fond culturel de nos sociétés et aussi de son ouverture et de sa tolerence face au reste du monde.
Persister tout de même à vouloir Sataniser ces courants ne mènerait que de régression en régression car cela équivaudrait à pérenniser le despotisme et la dictature au même moment où on livre une grande partie de notre jeunesse aux crocs sanglants du désespoir et du terrorisme avec ce que ce chaos comporte à terme pour toutes les parties.
*je précise que je n'appartiens à aucune organisation politique parmi celle citées ici.
.* * j'entends par le terme islamisme politique réformateur tous ces courant politiques musulmans qui ont fini par adopter une approche tolérante de l'Islam et qui s'inscrit dans la consécration de la liberté individuelle et collective que ça soit en terme d'alternance démocratique pacifique du pouvoir et en terme des droits individuels, comme c'est le cas en particulier au niveau des mouvements islamistes Marocain, Tunisien, Jordanien et Mauritanien; et dans une moindre mesure chez les Frères musulmans
Par Sidi Mohamed Khattry